Cenon : Didier Super, salutaire sulfateuse

Dans son nouveau spectacle « Didier Super est bien plus marrant que tous ces comiques de merde », il prouve que c’est vrai. C’était ce samedi soir sur la scène de l’Espace Simone Signoret.

Il n’a même pas dégommé la Simone qui a donné son nom à la salle. Mais il remet à la mode le sous-pull trop court sur gras du bide, alors il lui sera beaucoup pardonné. Super a 18 ans de carrière mais il est toujours un gosse, affreux, sale et méchant. Depuis trois ans, les salles pleines quasiment à coup sûr, mais elles ne grandissent pas, volonté cohérente de l’artiste qui veut garder la proximité avec un public qui arrive conquis d’avance, comme dans cette salle cenonnaise, blindée depuis plusieurs semaines.

Comme Charlie Hebdo, Siné Mensuel, Desproges ou Coluche jadis, Blanche Gardin et sa « petite soeur » GiEdré, le Didier cultive l’anti-sacralisation farouche. La moindre adoration rendant forcément mou du bulbe, il s’échine à ne pas être agréable avec son public, pour le plus grand plaisir de ce dernier. Les handicapés manquent au menu de ce nouveau spectacle que Super tourne depuis septembre (première date en Gironde) et c’est dommage. Faisant sien depuis le début, l’adage selon lequel ne pas se moquer est le vrai signe d’irrespect, il a tout le monde en ligne de mire : enfants, puissants, misérables, motards, religieux de tout poil… et même Raymond Devos.

On ne change pas une équipe qui gagne : ce nouveau spectacle alterne chansons et sketchs dans un bordel assez difficile à décrire. Le gars chante faux, joue mal et en joue. Magicien de l’élection présidentielle qui vanne Philippe Poutou dans la salle, Jésus sorti de la Foirfouille, comique de stand-up poussif : Didier Super pousse le bouchon comme personne, atteignant une poésie surréaliste, expression qui le ferait joliment régurgiter et c’est tant mieux.

« T’as l’air faux-cul toi, tu dois être journaliste ». La société médiatico-politique ne fait pas long feu dans un spectacle de Didier Super. Un gars fait encore une fois décoller celui-là, empêchant la lassitude qui peut guetter dans un jeu de massacre : Jérôme Jolicart alias Fabrice, compère de toujours puisqu’il formait avec lui le duo de débiles cascadeurs au début des années 2000. Il incarne là un faire-valoir « au sang mal mélangé », demeuré lunaire et torture pour les zygomatiques. Une fidélité de plus dans une histoire Super.

Yannick Delneste – SudOuest.fr